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JEUNE GÉNÉRATION [LA]
Franchement, je ne sais pas trop ce que c’est. Mais le formidable renouveau de la BD française actuelle effectué par des jeunes et des un peu moins jeunes, ça oui, je sais. Pour moi, celui qui a fait passer la BD dans une nouvelle dimension, c’est Art Spiegelman avec Maus. Il a su mettre des moyens graphiques minimalistes (mais toujours judicieux) au service d’un récit poignant, et parfois hilarant. Il a su sortir la BD de la vanité graphique où elle se perdait (Métal Hurlant et ses suiveurs par exemple), de l’académisme historicisant (tout un courant éditorial peu exigeant), des genres et sous-genres masquant le plus souvent une certaine pauvreté d’inspiration (un peu partout avec de la fantasy de pacotille). Spiegelman a su instiller quelque chose de nouveau : l’émotion, parfaitement compatible avec la drôlerie. Tous ceux que j’aime particulièrement, de Marjane Satrapi à Joann Sfar ou Manu Larcenet, utilisent les mêmes ingrédients et font — ou refont — de la BD un art où c’est le sentiment qui prime sur la virtuosité, le récit qui conditionne la représentation, le langage écrit qui est indissolublement lié au langage graphique.

 

JUILLARD [ANDRÉ]
Je n’osais pas y croire ! Et pourtant la rencontre a eu lieu ! Elle s’est en quelque sorte consolidée au fil des années à travers de multiples liens amicaux, je dirais presque familiaux, puisque j’ai eu son fils comme élève à Bordeaux, que ma fille est l’une de ses fans, que chacun d’entre nous aime (en tout bien tout honneur) la femme que l’autre aime. Et ce lent mais puissant rapprochement a donné un album m’ayant procuré un immense bonheur ! Depuis longtemps j’admirais la sérénité du dessin d’André, la douceur de ses couleurs, la délicatesse de ses portraits et, en même temps, la rigueur narrative très classique de son récit. Alors, quand il m’a laissé entendre qu’il aimerait peut-être travailler avec moi, je me suis enfermé avec mon ordinateur et, passionnément, j’ai écrit le premier jet du Long Voyage de Léna, du « sur-mesure », comme je le fais toujours, puisque ce n’était destiné qu’à André et à lui seul. Dire que le résultat ne m’a pas déçu serait un euphémisme. Nous avons même été si heureux de notre collaboration, André et moi, que nous pensons déjà lui donner une suite.