En compagnie d’Annie Goetzinger, l’une des très rares dessinatrices de bande dessinée à l’époque, Pierre Christin va s’engager à partir de 1980 dans une série de tableaux féminins qui feront date. Ici encore, l’intitulé du projet annonce bien la couleur : « Portraits-souvenirs ». Ces albums, centrés sur des vies de femmes engagées dans leur propre temps, sont devenus des classiques : La Demoiselle de la Légion d’Honneur, La Diva et Kriegsspiel, La Voyageuse de la Petite Ceinture ou La Sultane Blanche constituent en effet désormais autant de souvenirs visuels et narratifs des dernières décennies du XX° siècle. Pas de BD historique à proprement parler chez Pierre Christin, où le passé ne sert qu’à éclairer le présent, comme dans La Maison du Temps qui passe (avec Jean Vern). Mais la dimension nostalgique s’impose dans Agence Hardy, sur une trame d’enquête policière où se mêlent les enjeux de la guerre froide et la vie du petit peuple de Paris dans les années 50-60, celles de sa jeunesse. Cette chronique d’une agence de détectives située dans le charmant Passage du Rendez-Vous à Paris donne aux auteurs et aux lecteurs l’occasion de revisiter des lieux fragiles, souvent hélas appelés à disparaître juste après avoir été dessinés!