IDÉOLOGIE
Je pense que c’est un sujet comme un autre et même un excellent sujet de bande dessinée, à condition bien sûr de pas sombrer dans le prêchi-prêcha, l’humanitaire bêlant, le ressentiment hargneux… Encore que, l’essentiel, c’est qu’on puisse tout dire avec des moyens artistiques simples, peu coûteux, efficaces, en racontant des histoires si possibles palpitantes ou désopilantes. Les contraintes politiques et économiques relativement faibles pesant sur la BD lui permettent même d’apparaître comme un utile antidote à ces entreprises de décervelage contemporaines que sont la presse people, la télé-réalité, les téléphones à tout faire, l’horrible vacuité d’une société de consommation sans but. Ce n’est pas un hasard si la BD (et le dessin de presse) restent des domaines où le mauvais esprit, le ricanement, le dévoilement, sont encore des valeurs positives, ce qui est de moins en moins vrai dans la presse et l’édition en général, ne proposant plus que des « produits » recyclant sans cesse les mêmes sornettes commerciales, c’est à dire la nouvelle idéologie dominante : celle de l’argent.